Chroniques critiques sorties films d'animation 2005
     
 

   
Vaillant / Robots / Team America
Le Château Ambulant / Le Fil de la Vie /
Fables d'été, Fables d'hiver / Pollux

 

 

Vaillant
UNE BONNE SURPRISE

Vaillant est un récit d’initiation, d’un passage de l’enfance à l’age adulte, et comme pour Robots le personnage principal est interprété par Ewan Mc Gregor. Ce sont les uniques points communs entre les deux films, en plus de la technique employée, bien sûr ! Car dans Vaillant nous ne sommes pas dans un monde inventé, ici les pigeons survolent la campagne, la mer, la ville, il faut donc donner vie à un univers très familier. Le pari est plutôt réussi, sauf pour la mer dont l’animation n’est pas vraiment satisfaisante, trop « raide », trop « carrée »... sinon la campagne anglaise est particulièrement réussie. Mention particulière à l’ambiance des scènes qui se passent en France. Lorsque nos héros arrivent en France il fait nuit et ils « débarquent » à coté d’une église bombardée, l’atmosphère est lourde, nous sommes dans un pays occupé et on le sent bien. La rencontre avec la résistance française et sûrement l’un des moments les plus drôles du film ! Et puis il y a les personnages tous très attachant, et ce n’est pas si évident que cela de rendre un pigeon sympathique, mais ici ça fonctionne et on finit par se prendre d’affection pour Vaillant.
Les voix sont toujours très importante dans un film d’animation, ici outre Ewan Mc Gregor, on appréciera la performance de John Cleese (des Monty Python) et surtout celle de Tim Curry dans le rôle du Général Allemand. Le superbe interprète du Diable dans Legend ou du Dr. Frank-N-Furter dans Rocky Horror Picture Show s’est fait une spécialité du doublage de film d’animation aussi bien série que long métrage, mais on retiendra surtout son rôle du terrible Hexxus dans le fim de Bill Kroyer : Ferngully et désormais son rôle du faucon allemand dans Vaillant.
Le film ne fait pas trop de références ce qui est appréciable en ces temps où tout film d’animation se doit de les multiplier, ici elles sont même plutôt réservées au public adulte : la parodie des informations au cinéma (Birds on the march), le nom d'une des souris de la résistance française, le fameux test de Rorschach et même une histoire de baiser français…
Vaillant s’essaye même à montrer un peu la dureté de la guerre : des pigeons voyageurs sont abattus en début de film, les tanks sillonnent les villes. Cela dit, on est malgré tout très loin d’un chef d’œuvre comme le Tombeau des Lucioles de Takahata Isao !!!
En définitive, Vaillant est un film bien agréable qui, s’il s’essouffle dès fois un peu au niveau du rythme, est l’une des bonnes surprises de ce début d’année.

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Robots
UN DIVERTISSEMENT EN ACIER
   

Il n’y a rien de révolutionnaire dans l’histoire de Robots. Le plaisir se trouve ailleurs, tout d’abord dans l'animation. Après le monde enneigé de L’Âge de glace on pourrait penser que les studios Blue Sky et le réalisateur Chris Wedge (co-réalisateur de L’Age de Glace) se sont facilité la tache. En effet en situant leur film dans un univers de robots ils savent que tout est à créer, il n’y a pas vraiment de problème de réalisme, pas de problème de textures vivantes (poils, peau, cheveux...) Et là, première très agréable surprise : les créateurs de Robots se sont appliqués à créer un univers complexe et superbement animé, il y a de nombreux détails et rien n'est laissé au hasard : nous sommes dans un monde de fer et d’acier, dans un monde rempli de reflets, de rouille, d’usures, et tout cela est magnifiquement décrit et animé. Les inventions en référence au monde humain sont de tous les instants : la naissance, -très particulière - du petit Rodney, ses premiers pas, son arrivée dans la ville et les gens qu’il rencontreà la gare, sans oublier la

transposition des codes du monde humain à ceux des robots (les signes sur les portes des toilettes : prise mâle pour les hommes et femelle pour les femmes, les massages deviennent des ponçages, etc …)
Ensuite pour croire à un univers il faut que le spectateur s'imagine qu’il existe depuis longtemps, bien avant que le film ne soit fait, et c’est un premier tour de force réussi par Chris Wedge et son équipe, à noter que pour cela ils ne poussent pas trop l’anthropomorphisme, notamment dans l’animation des bouches, celles-ci n’ont pas de mouvements « élastiques » comme les bouches humaines, elles ont une seule forme qu’elles gardent tout le long du film.

La deuxième réussite du film ce sont les dialogues. Nous sommes dans une bonne comédie américaine et les échanges entre les personnages sont souvent très drôles, usant et abusant de jeux de mots « mécaniques » avec des références au cinéma américain, par exemple Star Wars  «The force is strong with him !», c'est ce que dit Fender, le personnage incarné par Robin Williams, à propos de Rodney, interprétépar Ewan Mc Gregor (qui joue Obi Wan Kenobi dans la nouvelle trilogie Star Wars), mais aussi Le Magicien d’Oz, Braveheart, … Contrairement à certains films d'animation qui usent et abusent de références cinématographiques, les références-clin d'oeil de Robots ne lassent jamais car elles sont finalement utilisé de manière assez fine et sporadique…

Enfin, a troisième réussite, et pas la moindre, est d’avoir donné le rôle de Fender à Robin Williams. C’est d’autant plus un plaisir que l’acteur n’avait plus doublé de personnages pour un film d’animation depuis ses deux incroyables partitions de la chauve souris échappée d’un laboratoire dans Ferngully, et bien sûr du génie dans Aladdin en 1992 (exception faite des suites d’Aladdin qui sont sorties directement en vidéo). Robin Williams excelle dans le doublage et il le prouve encore une fois rendant son personnage encore plus fou et virevoltant qu’il ne l’est déjà à la base ! Ca fuse de tous les cotés, et cela nous rappelle qu’avant d’être un acteur de cinéma il est avant tout un génial comédien de Stand Up Comedy (One Man Show). D’ailleurs l’acteur a visiblement repris goût au doublage puisqu’il devrait faire une voix dans le prochain film animé de George Miller. Le reste du casting est très bien aussi avec notamment une excellente interprétation de Mel Brooks dans le rôle de Bigweld. A noter aussi deux incroyables réussites visuelles : une séquence de dominos qui tombent les uns après les autres et la découverte de Chop Shop (la casse où finissent les robots usagés) sur fond de Tom Waits !
Pour conclure, Robots est une vraie réussite dans le domaine du divertissement. Drôle, percutant, enlevé, on ne s’ennuie pas une seule minute, à condition bien sûr de se laisser aller et d’aller voir le film juste pour le plaisir !

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Team America : Police du Monde
LA POLITIQUE INTERNAIONALE VERSION SOUTH PARK

Si on ne sait pas qui se trouve derrière ce film, la lecture d’un tel résumé peut faire penser à une œuvre de propagande à la gloire de l’Amérique ou bien une œuvre de subversion politique cherchant à démontrer les erreurs du gouvernement américain en matière de politique internationale. Mais ici nous ne sommes ni dans Rambo3 ni dans le dernier film de Michael Moore, nous sommes dans le dernier film des créateurs de South Park : Matt Stone et Trey Parker. Tout est passé à la moulinette de la parodie et personne n’en sort indemne : la Team America, les acteurs Hollywoodiens, Michael Moore, le Dictateur de la Corée du Nord et beaucoup plus drôle les procédés des films d’actions américains. En effet les auteurs se moquent de toutes les facilités qu’utilisent les grosses productions pour faire un film "effica-
-ce » (tout en les utilisant eux aussi !) Le moment le plus drôle, reprise de South Park, montre, au travers d’une scène musicale l’utilisation du montage dans les films d’actions pour lesquels l’ellipse est de rigueur, notamment lorsque le héros doit s’entraîner pour devenir le plus grand sportifs ou guerrier et tout cela en quelques minutes !
D'un point de vue technique, Matt stone et Trey Parker rendent évidemment hommage avec ce film à la série de Gerry Anderson les Thunderbirds. Et d’ailleurs l’animation est à peu près la même, à l’exception des expressions faciales peut-être un tout petit plus précises, mais rien d’exceptionnel à ce niveau là. Non, ce qui est plutôt impressionnant dans ce film c’est la débauche de décors employés et de personnages utilisés. Dans certains plans vous pouvez avoir une dizaine de personnages qui bougen, quant aux décors ils sont nombreux et d’une extrême minutie. Pour compléter cela, les effets spéciaux sont eux aussi remarquables. Cette réussite on a la doit aux talentueux Frères Chiodo à qui l’on doit un film d’horreur délirant (Killers Klowns From outer Space (88)) et de nombreux effets spéciaux en animation, notamment beaucoup de Stop Motion (Gremlins, Darkman, Robocop, Critters…). Sinon, le reste de la production n’est pas révolutionnaire mais reste très efficace !
Vous l’aurez compris ce film est un joyeux délire qu’il ne faut évidemment pas prendre au sérieux, les auteurs n’ont voulu faire aucune déclaration politique avec ce film. Bien sûr cela peut gêner que des sujets aussi sérieux soient traités sur le ton de la plaisanterie, mais si vous voulez bien mettre cela de côté vous pourrez apprécier ce film à sa juste valeur : c'est un très bon divertissement.
Le Château Ambulant
UN FILM HERITAGE ?
   

Tiré d’un roman anglais, Howl’s Moving Castle (Le Château de Hurle) de Diana Wynne Jones, Le Château ambulant ne devait pas initialement être une réalisation de Miyazaki, mais des différends artistiques avec le réalisateur pressenti l’ont poussé a se remettre une nouvelle fois « derrière la caméra ». On comprend très rapidement ce qui a captivé le cinéaste : une héroïne et un château. Mais si cette fois-ci le château ne vole pas (Le château dans le ciel) il marche ; et si l’héroïne n’est plus tout à fait une adolescente (Le voyage de Chihiro) elle est en quête d’identité. Comme d’habitude chez Miyazaki, l’inventivité visuelle est toujours présente : le château est à lui seul une bonne raison de voir le film, ce château baroque à mi chemin entre Topor et Gilliam, est un véritable chef d’œuvre, aussi bien par son aspect extérieur que par son surprenant intérieur. Les paysages sont absolument magnifiques et les effets visuels superbes.

Les personnages sont comme d’habitude très complexes - aucun n’est finalement ni mauvais, ni bon !Un peu plus surprenant, (est-ce du à l’actualité ?), c’est le regard plus dur que porte Miyazaki sur le monde. Certes ce n’est pas la première fois qu’un de ses films se déroule sur fond de guerre, mais celui-ci est plus sombre, les villages brûlés faisant écho à ceux du Tombeau des Lucioles d’Isao Takahata. Au final, les habitués retrouveront une atmosphère de déjà vu, une sorte de film héritage de tous les films précédents de Miyazaki ; les autres seront émerveillés par le savoir faire et l’imagination sans fin de cet incroyable artiste.

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Le Fil de la Vie
VISUELLEMENT REUSSI...


Il y a des films courageux. Le Fil de la vie fait partie de ceux là. Alors que l’on assiste au triomphe du numérique dans l’animation il est fascinant de constater que des producteurs et des réalisateurs sont encore assez fous pour faire un film en utilisant uniquement des marionnettes.
L’histoire est simple et peut être comprise par presque tous les âges. L'empereur d'Hébalon meurt dans des circonstances dramatiques emportant dans la tombe le terrible secret. Comme les Hébaliens craignent que leurs ennemis de toujours, les Zérith, ne profitent de cette situation troublée pour les attaquer, la loi martiale est déclarée. Les lourdes portes de la ville se ferment, personne ne peut plus y entrer. Le Fil de la Vie raconte l'histoire d'un jeune prince, Hal Tara, fils de l'empereur d'Hébalon, qui va entrepredre un long voyage pour venger la mort de son père. Ce chemin vers la vrité le mènera de manière inattendue vers le grand amour...

A partir d’une histoire vieille comme le monde, Anders Ronnow Klarlund réussit une belle métaphore sur notre monde, même si elle peut, à certains moments, apparaître comme un peu simple, voire simpliste. Et puis il y a la partie technique du film et là le contrat est rempli. Le mouvement des nombreuses marionnettes est impeccable, la fluidité entre les personnages lors des combats est impressionnante. Si nous ne sommes pas dans de l'image par image nous sommes bien dans un film d'animation dans l'acceptation étymologique du mot "animare" en latin : donner du mouvement, donner la vie. Et si les marionnettes sont si vivantes ce n'est pas seulement grâce à leurs mouvements ou leurs expressions (celles-ci sont efficaces mais forcément peu nombreuses), mais c'est avant tout grâce à leur environnement. Car l ’effort fait au niveau des décors et des lumières est prodigieux et permet de créer une ambiance plutôt rare dans ce style de cinéma. Imaginez que pendant tout le film ces marionnettes vont se trouver confrontées à toutes les forces de la nature (eau, feu, poussière, neige...), tout cela de manière très réaliste !
Alors même si vous n'êtes pas complètement convaincus par le propos du film, vous devriez l'être par la beauté et la technique deployées dans ce film danois assez unique.

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Fables d'été, Fables d'hiver
POUR LES PETITS


Les Films du Préau nous ont toujours gâtés jusqu’à présent grâce à des programmes de courts métrages passionnants mélangeant tous les styles, ce qui fait la richesse du cinéma d’animation. Ils nous reviennent aujourd’hui avec un programme pour les plus petits. On commence avec la première partie des Fables en délires de Fabrice Luang-vija, où comment trois animaux, un lion, un renard et une poule, se retrouvent dans des situations très loufoques ! On enchaîne avec l’adaptation d’une fable hollandaise dans laquelle un escargot propose à un éléphant de s’abriter dans sa coquille lorsqu’il se met à pleuvoir. Puis le meilleur film de la sélection, Bonhommes de Cecilia Marreiros Marum. Ce film récompensé dans de nombreux festivals, nous raconte l’histoire d’un enfant qui crée un bonhomme de neige et décide d’en faire son meilleur ami mais la nature et le climat semblent ne pas être d’accord… Très beau petit film réalisé par une ancienne étudiante de La Cambre, célèbre école belge : elle réussit un film plein d’humour et de poésie aidé par une réalisation originale. Le film d’après Les Voltigeurs est plus anecdotique dans sa réalisation, même si le sujet devrait interpeller les plus petits -deux oiseaux se marient et attendent que la cigogne leur amène un enfant, pourtant cette dernière passe à coté du nid sans s’arrêter. Un beau jour un ver apparaît et il l’adopte malgré les rires des autres oiseaux. Le programme se termine avec une deuxième série de Fables en délires avec de nouveaux animaux et bien sur de nouvelles situations loufoques. A l'inverse de leurs précédents programmes - notamment Les Etoiles Filantes et Des rois qui voulaient plus qu’une couronne -, le style de l’animation ici est peu diversifié, il s'agit avant tout de films en 2D utilisant l'ordinateur. Cependant les graphismes et les histoires sortent suffisamment de l'ordinaire pour que vous emmenniez vos bambins voir Fables d’été, Fables d’hiver !

 

Pollux
UN LIFTING PAR ORDINATEUR

 

40 ans après sa première apparition à la télé, c’est donc sur grand écran que nous reviennent Pollux et ses amis. Dans cette aventure, les habitants du bois joli (Zebulon, le chien Pollux, Margote et ses amis, la vache Azalée, l’escargot Ambroise, le lapin Flappy) se voient confrontés au méchant Zabadie (versant négatif de Zebulon ). C’est à la suite d’une catastrophe provoquée par la gourmandise de Pollux que Zabadie sort du manège dans lequel il était emprisonné. Il a trois jour pour s’emparer de trois diamants et faire régner un hiver sans fin sur notre planète ! C’est sans compter sur Pollux, Azalée, Flappy et Ambroise qui feront tout pour l’en empêcher !
L’histoire évidemment très conventionnelle fonctionne plutôt bien et les petits devraient y apprécier les nombreux rebondissements qui la ponctuent. On regrette juste le manque d’humour, qui dans le film est remplacé par la tendresse, ce qui encore une fois plaira aux plus petits.
Bien sûr le principal changement entre la série et le film réside dans la technique utilisée, car si l’on reste dans le volume on passe tout de même des marionnettes à l’ordinateur ! Ce changement devrait surtout gêner les véritables inconditionnels de la série de Serge Danot qui ne retrouveront pas dans le film le coté artisanal qui caractérisait la série. Pour les autres, même si en effet on peut regretter le coté « fait main », l’univers de la série est malgré tout très bien respecté, et l’on sent chez les créateurs du film un véritable amour de la série et non pas un simple esprit mercantile. Il faut dire que si Serge Danot n’est plus là pour surveiller sa création, sa femme et Raoff Sanoussi, animateur formé par Serge Danot dans ses studios de la feuillée, veillent tous deux à ce que les intentions de la série originale soient conservées.
Un mot sur les voix, une grande partie de la promotion télévisuelle risque malheureusement d’être faite sur celles-ci, comme c’est le cas aujourd’hui de beaucoup de films d’animation (il faut dire qu’il est compliqué d’amener les vrais stars du film sur les plateaux et malheureusement les créateurs (comme en prises de vues réelles) ne sont pas très vendeurs), car la production n’a pas fait les choses à moitié : des chanteurs Henri Salvador, Eddy Mitchell, Vanessa Paradis ; des comiques : Elie Semoun, Dany Boon, Valérie Lemercier ; des comédiens : Michel Galabru, Gérard Jugnot… Malgré cette débauche de noms assez effrayante, on oublie rapidement le comédien derrière le personnage. Une des belles réussites du film.
En conclusion, un film qui certes ne révolutionne pas l’animation mais qui est bien agréable à voir, surtout pour les tout- petits.

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