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Voir interview d'Isao Takahata
Alors que Horus, premier film réalisé par Isao Takahata, est sorti le 4 février sur les Ecrans français, plus de 25 ans après sa sortie au Japon, nous avons pu rencontrer, lors de son passage au désormais incontournable festival Nouvelles Images du Japon, Isao Takahata pour qu'il nous livre sa vision de l'animation, cinéma dont il est aujourd'hui l'un des maîtres les plus reconnus. Isao Takahata est surtout connu en France pour le génial Tombeau des Lucioles, le reste de sa production reste encore difficile à voir. A l'heure où son compère co-fondateur du studio Ghibli a le droit aux honneurs d'une excellente distribution, il serait temps qu'en plus de la sortie d'Horus, un distributeur français sorte le sublime Pompoko, Grand Prix au Festival d'Annecy en 1995, le magnifique Omohide Poroporo, Chie la petite peste, et surtout les deux moyens métrages Panda ko Panda (1972-1973) (disponible en dvd US) qui préfigurent aussi bien les choix de mise en scène, que les thématiques des réalisations futures de M. Takahata et de M. Miyazaki.
Isao Takahata est né en 1935. Diplômé de littérature française, c'est un grand admirateur de Jacques Prévert. Lorsqu'en 1959 il rentre dans les studios de la Toeï, il s'investit très rapidement dans la mise en scène, et dès 1965 il est choisi par l'un des vétérans du studio M. OTSUKA Yasuo pour réaliser Horus, le prince du soleil. Puis après avoir quitté le studio, il réalisera en 1972 les deux films Panda Kopanda. Parallèlement à cela il va réaliser de nombreuses séries télévisées (Lupin III, Heidi…). En 1982 il réalise un très beau film Gauche le Violoncelliste, l'histoire d'un jeune homme qui à force de persévérance et de l'aide de quelques animaux va perfectionner son jeu. Puis c'est la création du studio Ghibli en 1984, et surtout 4 ans après Le Tombeau des Lucioles, film sur le quotidien de deux enfants pendant la guerre, qui fait aujourd'hui partie des grands classiques du cinéma d'animation. Récemment on a pu apprécier le génie créatif de Takahata grâce à son dernier film Nos Voisins les Yamadas, qui en utilisant l'animation par ordinateur se permet un retour aux sources de l'animation : le dessin et la peinture. Et ce n'est pas surprenant de savoir que M.Takahata a écrit de nombreux livres sur le cinéma d'animation et ses maîtres, comme Youri Norstein ou F.Back. Isao Takahata est pourtant plus méconnu que Miyazaki car son regard est ancré dans la réalité japonaise, ses films ne cherchent pas à embellir ou à faire rêver, ils sont là pour rendre compte d'une observation, pour montrer le réel à travers le prisme de l'animation afin de finalement mieux le révéler.
Lors d'une rencontre avec le public au Forum des Images, Isao Takahata a rappelé qu'Horus était sortie en 1968, à l'époque où le Japon vivait, comme en France, des remous sociaux notamment liés à la guerre du Vietnam, et l'atmosphère d'aujourd'hui (la guerre en Irak) est proche de ce qu'ils ressentaient à l'époque. Le préambule était important pour mieux comprendre la personnalité du réalisateur, très conscient de son époque, et pour mieux appréhender l'un des personnages principaux de Horus : Hilda, personnage à la psychologie complexe, crée en écho aux soldats américains engagés au Vietnam qui pour la plupart se retrouvaient dans une guerre qui ne les concernaient pas. Car si Horus est un tournant dans l'animation japonaise c'est que non seulement il permet la rencontre des maîtres de la Toeï avec une jeune génération de talents, mais leurs efforts combinés vont permettre d'établir un standard de qualité pour un dessin animé, jusqu'à présent cantonné au jeune public, aussi bien au niveau technique qu'au niveau des thèmes abordés. Le film plus que par son sujet est intéressant car il est l'un des jalons qui a permis à Isao Takahata et Hayao Miyazaki d'apprendre leur métier et de pouvoir nous offrir aujourd'hui les chefs d'œuvres que l'on connaît.
Alexis Hunot |
